Les potiches

Publié le 21 Juillet 2006

Je crois que nous ne nous sommes pas bien compris.

Je reçois des réponses à mes demandes de recherches de modèles qui ne correspondent pas très bien à ce que je souhaite.
Ou bien j'ai des propositions de quelques modèles "potiches".
Ou bien ce sont des modèles qui se prennent pour des supers stars VIP (vieilles pies).
Pour ma part je ne considère pas le modèle-photo féminin comme un objet, ni une marchandise que l'on paye et hop.
Pour moi un modèle est avant tout un être humain, qui a des goûts, des idées, une personnalité.
Quand elles me disent "Combien tu donnes" avant même de parler du contenu de la séance et de leur vécu, je suis abasourdi.
J'ai l'impression d'avoir une péripatéticienne racoleuse qui me parle.
La photographie ne fait pas partie d'un monde vénal, mais plutôt artistique.
Je n'ai rien a faire avec ce milieu, je n'utilise pas de cirés noirs, justement pour éviter cette connotation. Ce sont deux mondes distincts qui n'ont rien à faire ensemble.

Je recherche des modèles (jolies filles ou jolies femmes) ayant un physique, même les rondeurs ne me dérangent pas, avec un visage agréable et surtout des expressions, et mimiques, géniales.
Le fait de recevoir de l'eau est seulement un prétexte à la spontanéité, au naturel.
Bien trop souvent les poses sont stéréotypées, artificielles. Nous vivons de plus en plus dans un monde ou le virtuel prend trop de place. On en oubli la réalité, la fraîcheur du physique de l'expression naturelle et de la personnalité de chaque modèle.
Le ciré lui est un accessoire que je trouve sympa en photo, le brillant, la couleur et l'eau qui coule dessus, donne une touche artistique a mon goût. De plus ce vêtement n'existant plus tel quel,  aujourd'hui, il y a une originalité voir une nostalgie. Enfin celui-ci permet de cacher certaines parties du corps que le modèle est libre de ne pas montrer.
Bref c'est un thème un peu particulier, je vous l'accorde, mais pour poser avec moi, il faut l'aimer, l'approuver, et avoir quelques idées, attitudes à proposer.

Je choisis en général mes modèles parce que quelque chose m'a attiré dans leur book, soit parceque l'une des images m'a fasciné, soit pour leurs connaissances et expériences.
Mais ce n'est pas avec deux lignes indiquant les mensurations et une photo approximative que je peux me faire une réelle idée du modèle.
J'ai toujours besoin d'en connaître plus sur la personne que je vais rencontrer: Pourquoi elle fait de la pose photo ? Ce qui lui plait dans mon thème, quelles sont ses attentes?, Qu'a-t-elle déjà fait ?
J'ai besoin de porter un regard sur son expérience. Sur son potentiel à l'improvisation.
Ce n'est pas de la curiosité, ni comme certaines disent "Un casting". (Quel mot barbare pour parler de "sélection" et  "faire plus amples connaissances"). Ce n'est pas une embauche, non plus, c'est seulement une participation, une collaboration, une découverte.
Les choses les plus simples deviennent ainsi phénoménalement compliquées.
Mais quels esprits ont-elles ces belles Miss. Pourquoi sont-elles autant a vouloir à tout prix nous impressionner en utilisant des mots comme "Casting", "Shooting", "rush", "Replay"... et je ne sais quels autres anglicismes.
Elles veulent nous épater, pour ma part elles se ridiculisent et me font dire qu'elles n'ont donc pas la franchise, l'aisance nécessaire à cette passion.
Elles ont du mal à comprendre qu'en posant pour moi, je les regarderais et respecterais comme une Femme et non pas comme un objet que je photographierais, C'est bien un être vivant qui a des idées, qui pense, qui réfléchis, qui participe, que j'aurais en face de moi et non des potiches.

Reste l'épineuse négociation des frais de participation ou de dédommagement ou d'acquisition des droits. Mais ne me parlez pas de "salaire" ni de "rémunération" qui sont des mots réservés aux professionnels qui déclarent et cotisent aux impôts et aux organismes sociaux, le fruit de leur "travail" (enfin théoriquement... car là aussi il y aurait beaucoup à dire...)
Un particulier ne peut que "dédommager" des frais de déplacement, ou acquérir un droit à l'utilisation NON COMMERCIALE des images, mais pas REMUNERER en tant que tel. Il n'est pas possible d'établir une feuille de salaire et cotiser à l'URSAFF, je ne crois pas que les chèques emplois service servent à ce type d'activité.
Combien de modèles photos sont inscrits à la Sécurité Sociale sous cette activité ?
Combien payent des cotisations retraite, chomage, maladie ?
Combien payent des impôts sur leurs cachets de leurs prestations ?
Quelques pros, (et encore je demande a voir le degré de professionalisme), mais pas les amateurs...
Certains photographes ont un "budget" pour faire des photos, comme ils auraient des disponibilités pour autre chose... Quelle simplicité financière, les plus riches peuvent donc tout se permettre, mais je le redis les modèles ne sont pas de la marchandise.
Quel particulier, amateur paye des cotisations, des assurances pour prendre en photos des modèles ? Il n'est pas admissible de payer un modèle 100€ de l'heure pour une séance fantaisiste, sans conséquences pécuniaires (je ne parle pas des frais de défraiement, qui eux sont un mimimum dans le respect entre personnes bien élevées), pour moi cela relève soit du voyeurisme, soit du "tout m'est permis, parce que j'ai du fric", on ne respecte plus rien, ni personne.
Allons, allons, tout cela passe par une négociation qui fini par un "travail au noir", ce que je ne veux pas cautionner. J'accepte d'aider et de dédommager le modèle, mais pas de systématiser la séance photo, qui reste un jeu, et non un travail pour moi, et pour le modèle que je choisis.

Je demande toujours au modèle de répondre à quelques questions et je soumets donc TOUJOURS aux modèles un projet en fonction de leurs réponses.
Ce n'est pas une obligation de poser pour moi.
C'est mon mode de fonctionnement, je suis un petit diletant, sans envergure commerciale.
Et si dans l'avenir une occasion faisait que cela devienne une source commerciale, le modèle en serait la partenaire bénéficaire sans nul doute possible puisque son accord me serait indispensable, et qu'un contrat serait a nouveau négocié.
Ma méthode vaut ce qu'elle vaut. Mais je n'aime pas les modèles qui se fichent totalement du sujet de la séance, qui posent uniquement pour gagner de l'argent.
C'est un domaine ou il me semble, il faut aimer ce que l'on fait. C'est cela être un vrai amateur. Dans le mot "Amateur" certaines mauvaises disent il y a le mot "mateur", moi je dis "Amateur" viens du mot "Amour". A vous de voir la nuance !

Heureusement, il y a des tas de modèles qui jouent réellement la sincérité, les étudiantes qui veulent poser et en même temps se faire un peu d'argent de poche mais surtout avoir des nouvelles photos, faire de nouvelles rencontres, connaitre de nouvelles expériences, pour avancer, toujours aller plus loin. Plein de jeunes modèles que j'ai rencontré, il y a quelques années sont devenues de véritables modèles, au même niveau (et des fois supérieur) à certaines professionnelles.
Et puis il y a toutes celles qui ADORENT poser pour la photographie, qui AIMENT se faire prendre en photos et qui JOUENT devant l'objectif.
Merci à tous les modèles avec qui j'ai joué ma fantaisie, elles ont été merveilleuses en plus d'être splendides.
Je n'ai jamais eu de problème avec mes modèles ni pendant, ni après la séance.
Quand on respecte les autres, tout se passe beaucoup mieux.
Les difficultés résident avant. Lors du choix du modèle et des premiers contacts.
Il faut savoir rejetter l'ivraie du bon grain. Ce n'est pas facile certaines cachent bien leurs jeux.
C'est cela qui m'embarrasse le plus de nos jours, car il y a une inflation dans ce milieu.
Tout est virtuel, fiction, et la réalité est parfois navrante.

Rédigé par Jean Aurèl

Publié dans #HUMEUR & INFORMATIONS

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